Il y eut une fête dans la chambre du patient anglais le jour où Caravaggio exhiba le gramophone qu’il avait déniché quelque part.

« Je m’en servirai pour t’apprendre à danser, Hana. Ces airs-là, ton jeune ami ne les connaît pas. J’ai vu passer bien des danses. Mais cet air, How Long Has This Been Going On, est l’une des plus belles chansons qui soient, parce que la mélodie de l’introduction est plus pure que la chanson elle-même. Seuls les grands jazzmen s’en sont rendu compte. Bon. Cette fête, nous la ferons sur la terrasse, ce qui nous permettra d’inviter le chien, à moins que nous n’envahissions l’Anglais, auquel cas elle aura lieu dans la chambre à l’étage. Ton jeune ami, qui ne boit pas, s’est débrouillé pour trouver des bouteilles de vin, hier, à San Domenico. Nous n’avons pas que de la musique. Donne-moi le bras. Non. Commençons par faire des marques à la craie sur le sol et à nous entraîner. Trois pas principaux – un, deux, trois-un, deux, trois – maintenant, donne-moi le bras. Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

— Il a désamorcé une grosse bombe. Une qui n’était pas facile. Laisse-le te raconter ça. »

Le sapeur haussa les épaules, non par modestie, mais plutôt comme si c’était trop compliqué à expliquer. La nuit tomba vite, elle emplit la vallée, les montagnes, et ils se retrouvèrent une fois de plus à la lanterne.

 

En traînant les pieds, ils parcoururent le couloir qui conduisait à la chambre du patient anglais. Caravaggio portait le gramophone tout en tenant d’une main le bras et l’aiguille.

« Et maintenant, avant que vous vous lanciez dans vos histoires, annonça-t-il à la silhouette immobile dans le lit, je vous présente My Romance.

— Écrite, je crois, en 1932, par Monsieur Lorenz Hart », marmonna l’Anglais. Kip était assis à la fenêtre. Hana annonça qu’elle voulait danser avec le sapeur.

« Pas avant que je t’aie appris, mon petit asticot. » Elle lança un regard étrange à Caravaggio ; c’était le surnom que lui donnait son père dans l’intimité. Il l’enserra dans sa solide étreinte grisonnante, répéta « mon petit asticot » et commença la leçon de danse.

Elle avait mis une robe propre mais non repassée. Chaque fois qu’ils tournoyaient, elle apercevait le sapeur en train de chantonner les paroles. S’ils avaient eu l’électricité, ils auraient pu installer une radio, et, du même coup, avoir des nouvelles de la guerre. Tout ce qu’ils possédaient, c’était le poste à galène de Kip, mais ce dernier avait eu la courtoisie de le laisser dans sa tente. Le patient anglais discourait sur l’infortune de Lorenz Hart. À l’en croire, on avait oublié certaines des plus belles paroles de Manhattan, et il se mit à chanter :

 

Nous irons à Brighton,

Tu feras peur aux poissons

Dans un plongeon.

Devant ton maillot si fin

Les poissons se pâmeront

En battant des ailerons.

 

« Des vers admirables, érotiques, par-dessus le marché, mais Richard Rodgers voulait, on le suppose, davantage de dignité...

— Il faut que tu devines mes mouvements, vois-tu.

— Pourquoi ne devines-tu pas les miens ?

— Je le ferai quand tu sauras ce qu’il faut faire. Pour le moment, je suis le seul à le savoir.

— Je parie que Kip le sait.

— Il le sait peut-être mais il ne le montre pas.

— Je prendrais bien un peu de vin », dit le patient anglais. Le sapeur prit un verre d’eau, en expédia le contenu par la fenêtre et y versa du vin pour l’Anglais.

« C’est mon premier verre de l’année. »

Il y eut un bruit étouffé, le sapeur se retourna vivement et regarda par la fenêtre, dans l’obscurité. Les autres s’immobilisèrent. Ç’aurait pu être une mine. Il se retourna vers les autres et dit : « Tout va bien. Ce n’était pas une mine. Ça avait l’air de venir d’une zone déminée.

— Mets l’autre face, Kip. Je vais maintenant vous faire découvrir How Long Has This Been Going On, de…  » Il laissa une chance au patient anglais qui, coincé, se mit à secouer la tête en souriant, la bouche pleine de vin.

« Cet alcool m’achèvera, sans doute.

— Rien ne vous achèvera, mon ami. Vous êtes du carbone à l’état pur.

— Caravaggio !

— George et Ira Gershwin. Écoutez. »

Hana et lui glissaient sur la tristesse du saxophone. Il avait raison. Le phrasé était si lent, il s’étirait tellement qu’elle pouvait presque sentir le musicien, si peu désireux de quitter l’introduction et d’entrer dans la chanson qu’il semblait vouloir rester là, avant que l’histoire commence, comme s’il était tombé amoureux d’une fille pendant le prologue. L’Anglais murmura que l’on appelait « refrain » l’introduction à ce genre de chansons.

Sa joue reposait contre les muscles de l’épaule de Caravaggio. Elle pouvait sentir ces terribles pattes dans son dos, sur sa blouse propre. Ils évoluaient dans un espace limité, entre le lit et le mur, le lit et la porte, le lit et la niche de la fenêtre dans laquelle Kip était assis. De temps à autre, elle voyait son visage. Ses genoux étaient repliés, ses bras posés dessus. Ou bien il regardait par la fenêtre, dans l’obscurité.

« L’un d’entre vous connaîtrait-il une danse appelée l’« Étreinte du Bosphore ? » demanda l’Anglais.

— Rien de ce genre. »

Kip regardait les grandes ombres glisser sur le plafond, sur le mur aux fleurs peintes. Il se leva péniblement, se dirigea vers le patient anglais pour remplir son verre et en toucha le bord avec la bouteille pour trinquer. Le vent d’ouest pénétrait dans la pièce. Soudain, il se retourna, l’air mécontent. Il avait flairé une fugitive odeur de cordite : il y en avait dans l’air, il se glissa hors de la pièce, non sans exprimer sa lassitude, abandonnant Hana dans les bras de Caravaggio.

 

Sans allumer la lumière, il courut dans le couloir obscur. Il ramassa la sacoche, se retrouva dehors, dégringola les trente-six marches entre la chapelle et la route ; il courait, éliminant de son corps jusqu’à la simple idée d’épuisement.

Était-ce un sapeur ou était-ce un civil ? L’odeur de fleur et d’herbe le long du mur de la route, le point de côté qui commençait. Un accident ou le mauvais choix. L’unité des sapeurs faisait la plupart du temps bande à part. C’était un drôle de groupe, ils rappelaient un peu les spécialistes du diamant ou de la pierre. Ils possédaient une dureté, une clarté intrinsèques, leurs décisions effrayaient même les gens du métier. Kip avait repéré ce trait chez les tailleurs de gemmes, mais pas en lui, même s’il était conscient que les autres le percevaient. Les sapeurs entre eux ne connaissaient pas l’intimité. Ils ne parlaient que pour transmettre une information – à propos d’une technique nouvelle, des habitudes de l’ennemi. Il pénétrait dans l’hôtel de ville où ils étaient cantonnés, ses yeux repéraient les trois visages, notant l’absence du quatrième. Ou bien ils étaient quatre, et il y avait, quelque part dans un champ, le corps d’un vieillard ou d’une jeune fille.

En entrant dans l’armée, il avait appris des diagrammes, des schémas de plus en plus compliqués, comme de grands nœuds ou des partitions musicales. Il s’aperçut qu’il était doué d’une vision tridimensionnelle, d’un œil malin capable de regarder un objet ou une page d’information et de les aligner mentalement, d’en repérer toutes les fausses notes. Prudent de nature, il n’en était pas moins capable d’imaginer le pire, se représentant les accidents en puissance que recelait une pièce : une prune sur une table, un enfant s’approchant et mangeant le noyau empoisonné, un homme s’avançant dans une pièce sombre et faisant basculer une lampe à huile avant de rejoindre son épouse au lit – chaque pièce abondait en ce genre de chorégraphie. L’œil malin pouvait repérer la ligne enterrée, un nœud caché aux regards. Les romans policiers l’exaspéraient : il identifiait trop facilement les coupables. Là où il se sentait le plus à son aise, c’était en compagnie d’hommes qui avaient cette folie de l’abstraction propre aux autodidactes, comme son mentor, Lord Suffolk. Comme le patient anglais.

Cependant, il n’avait pas confiance dans les livres. En l’observant, ces derniers jours, assis auprès du patient anglais, il était apparu à Hana comme l’inverse de Kim. Cette fois, le jeune étudiant était indien, le vieux maître plein de sagesse était anglais. Mais c’était Hana qui, la nuit, restait aux côtés du vieil homme, qui l’aidait à franchir les montagnes menant au fleuve sacré. Ils avaient même lu le livre ensemble, la voix de Hana ralentissait lorsque le vent aplatissait la flamme de la bougie, assombrissant un moment la page.

 

Il s’accroupit dans un coin de la salle d’attente résonnante de vacarme, absorbé dans cette pensée, à l’exclusion de toute autre ; les mains croisées sur les genoux, les pupilles réduites à la grosseur d’une pointe d’épingle. Dans une minute – encore dans une demi-seconde – il se sentit en état de parvenir à la solution du fantastique mystère...

 

Et d’une certaine façon, pendant ces longues nuits passées à lire et à écouter, ils s’étaient préparés à la venue du jeune soldat, de ce garçon devenu adulte, qui les rejoindrait un jour. Mais le jeune garçon de l’histoire, c’était Hana. Et si Kip était quelqu’un, c’était bien l’officier Creighton.

Un livre, un schéma, un détonateur, une pièce abritant quatre personnes, dans une villa abandonnée, éclairée seulement par la lueur d’une bougie, d’une tempête, ou, de temps en temps, d’une explosion. Les montagnes, les collines, Florence, aveugles, sans électricité. La lueur d’une bougie a une portée inférieure à cinquante mètres. De plus loin, il n’émanait aucun signe du monde extérieur. En dansant ce soir-là dans la chambre du patient anglais, chacun avait célébré sa petite aventure : Hana, son sommeil, Caravaggio, sa « découverte » du gramophone, et Kip, un déminage difficile même s’il l’avait déjà presque oublié. Il était de ceux qui ne se sentent pas à leur aise dans les célébrations, dans les victoires.

À peine à cinquante mètres de là, le monde n’avait perçu aucun signe d’eux, aucun bruit, l’œil de la vallée ne les avait pas repérés tandis que les ombres de Hana et de Caravaggio glissaient sur les murs ; que Kip s’installait confortablement dans l’alcôve et que le patient anglais sirotait son vin, tout en sentant l’alcool filtrer dans son corps inutilisé, ce qui eut tôt fait de le griser ; sa vieille voix émit alors le sifflement d’un renard du désert, les ébrouements d’aile de la grive des bois anglais que l’on ne trouvait, prétendait-il, que dans l’Essex, car elle se complaisait dans le voisinage de la lavande et du ver à bois. Tout ce que l’homme brûlé pouvait avoir de désir était dans son cerveau, pensait le sapeur, assis dans l’alcôve de pierre. Soudain, il tourna la tête : le bruit qu’il venait d’entendre lui en avait assez dit, il en était certain. Il se retourna vers eux et, pour la première fois de sa vie, il mentit — « Aucun problème, ce n’était pas une mine. C’était une zone déminée » —, attendant déjà que l’odeur de cordite parvienne jusqu’à lui.

 

Des heures plus tard, Kip revint s’asseoir dans l’alcôve de la fenêtre. Sept mètres… S’il avait pu traverser la chambre de l’Anglais et la toucher, il aurait retrouvé toute sa raison. Mais il y avait très peu de lumière dans la pièce, juste la bougie sur la table où elle était assise, sans lire, ce soir-là. Il se dit qu’elle était peut-être légèrement ivre.

En revenant de l’endroit où la mine avait explosé, il avait trouvé Caravaggio assoupi sur le canapé de la bibliothèque, le chien dans ses bras. Celui-ci le regarda s’arrêter sur le seuil de la porte, il remua juste assez pour faire savoir qu’il était éveillé et qu’il gardait les lieux. Son grognement paisible dominait le ronflement de Caravaggio.

Il retira ses bottes, les attacha ensemble et les lança par-dessus son épaule en montant l’escalier. Il s’était mis à pleuvoir, il lui fallait une bâche pour sa tente. Dans le couloir, il vit qu’il y avait encore de la lumière dans la chambre du patient anglais.

Elle était assise dans le fauteuil, un coude sur la table que la chandelle basse éclaboussait de lumière, la tête rejetée en arrière. Il posa ses bottes sur le plancher et pénétra sans bruit dans la pièce où, trois heures plus tôt, ils avaient fait la fête. Il pouvait sentir l’odeur de l’alcool dans l’air. En le voyant entrer, elle posa son doigt sur ses lèvres, lui montra le patient. Il n’entendrait pas ses pas silencieux. Kip retourna s’asseoir dans l’encoignure de la fenêtre. S’il pouvait traverser la pièce et la toucher, il resterait sain d’esprit. Mais le chemin à parcourir était aussi périlleux que compliqué. Un monde très vaste. Et l’Anglais s’éveillait au moindre bruit, son appareil auditif réglé au maximum lorsqu’il dormait, par souci de vigilance. Les yeux de la jeune fille balayèrent précipitamment la pièce et s’immobilisèrent en l’apercevant dans l’encadrement de la fenêtre.

Il avait trouvé le lieu de mort et ce qu’il en restait, ils avaient enterré Hardy, son commandant en second, qu’il connaissait depuis deux ans. Plus tard, il ne cessa de repenser à la fille ; comment, cet après-midi-là, il avait soudain tremblé pour elle. Avec quelle désinvolture elle avait joué avec sa vie. Elle ouvrit de grands yeux. Son dernier message avait été le doigt sur les lèvres. Il se pencha pour essuyer sa joue contre le tire-feu sur son épaule.

Il était rentré en passant par le village, la pluie tombait sur les arbres étêtés du square, qui n’avaient pas été élagués depuis le début de la guerre. Il était passé devant l’étrange statue de deux hommes à cheval se serrant la main. Maintenant il était là, la flamme vacillante de la bougie altérait les traits de la jeune femme, de telle sorte qu’il n’arrivait pas à savoir ce qu’elle pensait. Sagesse, tristesse, curiosité.

Si elle avait été en train de lire ou si elle s’était penchée sur l’Anglais, il lui aurait adressé un signe de tête et serait sans doute sorti, mais il se contenta de regarder Hana comme quelqu’un de jeune et de seul. Ce soir, en contemplant l’emplacement de l’explosion, il avait commencé à redouter sa présence pendant le désamorçage de l’après-midi. Il lui fallait l’écarter, sinon elle reviendrait dès qu’il s’approcherait d’une amorce. Il en serait à jamais porteur. Lorsqu’il travaillait, tout était clarté et musique, le monde des hommes s’éteignait. À présent, elle était soit en lui, soit sur son épaule, comme cette chèvre qu’un officier avait emportée, encore vivante, pour la sortir d’un tunnel qu’ils essayaient d’inonder. Non.

Ce n’était pas vrai. Il voulait l’épaule de Hana. Pour y poser la paume de sa main. Comme il l’avait fait en la voyant dormir au soleil, lorsqu’il s’était tapi là, aussi mal à l’aise que s’il s’était trouvé dans la ligne de mire d’un fusil. Dans le paysage du peintre imaginaire. Lui-même ne voulait aucune sollicitude, mais il désirait en entourer la jeune fille, la guider hors de la pièce. Il refusait de croire à ses propres faiblesses et il n’avait pas trouvé en elle la moindre faiblesse dont il lui faudrait s’accommoder. Ni lui ni elle n’étaient prêts à révéler à l’autre une telle éventualité. Elle le regarda, la bougie vacilla, altérant ses traits. Il ne se rendait pas compte que pour elle il n’était qu’une silhouette, son corps fluet et sa peau appartenaient à l’ombre.

Plus tôt, elle avait été furieuse en s’apercevant qu’il avait quitté sa place près de la fenêtre. Comprenant qu’il les protégeait de la mine comme il aurait protégé des enfants. Elle s’était rapprochée de Caravaggio. Quel affront ! L’excitation croissante de la soirée l’avait empêchée de lire après que Caravaggio était allé se coucher, s’arrêtant en chemin pour fouiller dans sa boîte de médicaments. Puis le patient anglais avait fait claquer son doigt osseux et embrassé sa joue, lorsqu’elle s’était penchée.

Elle avait soufflé les autres bougies, allumé le bout de chandelle à côté de la table de chevet et elle s’était assise, face au corps de l’Anglais, silencieux après la fougue de ses discours enivrés. « Un jour, je serai un cheval, un autre jour, un chien. Un cochon, un ours sans tête. Un autre jour, un feu. » Elle pouvait entendre la cire couler dans le plateau de métal à côté d’elle. Le sapeur avait traversé la ville, il s’était rendu quelque part sur la colline, là où l’explosion s’était produite, et son silence inutile l’agaçait encore.

Elle ne pouvait pas lire. Elle était assise dans la pièce avec son homme qui n’en finissait pas de mourir ; elle avait mal dans le bas du dos depuis qu’elle s’était heurtée contre le mur en dansant avec Caravaggio.

 

S’il s’approche d’elle, elle va le dévisager, il aura droit au même silence. Elle le laissera deviner, faire le premier pas. Il lui est déjà arrivé de se faire approcher par des soldats.

Mais voici ce qu’il fait : il est là, au milieu de la pièce, le bras jusqu’au poignet dans la sacoche ouverte qui pend toujours de son épaule. Il avance sans bruit. Il se retourne et s’arrête à côté du lit. Au moment où le patient anglais achève une de ses longues expirations, il tranche le fil de son appareil de correction auditive avec les ciseaux qu’il laisse retomber dans sa sacoche. Il se retourne et lui adresse un grand sourire.

« Je le rebrancherai demain matin. »

Il pose sa main gauche sur l’épaule de la jeune femme.

Le patient anglais: L'homme flambé
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